Marraine du Cognac Cigare Club depuis sa création, j’ai eu l’honneur et le privilège d’être conviée à sa "journée spéciale" samedi 27 septembre. Au programme : une balade en gabarre (un bateau mythique à fond plat permettant de transporter les fûts de cognac jusqu’aux ports d’expéditions par voie fluviale) suivie d’un déjeuner à La Ribaudière, avec dégustations de cigares, cela va de soi…
Le micro climat local étant des nôtres, c’est sous un splendide soleil automnal que débuta notre périple quai Hennessy. Pas de cigare à bord de la gabarre mais de belles volutes s’échappant de nos bouches dans l’air très frais du matin.
De cette promenade sans café (mais où était George Clooney, what else?), je retiendrai une histoire apprise durant la traversée : les rives bordées d’arbres de ma rivière adorée, la Charente, étaient autrefois arpentées non pas par des promeneurs mais par des femmes qui tractaient le long de ces chemins de halage les bateaux, avant d’être remplacées par des bêtes de somme.
Après deux écluses passées sans encombres, nous accostons à La Ribaudière, chez Thierry Verrat, seul étoilé Michelin de la Charente. Notre premier cigare nous attend, le petit robusto de chez Hoyo de Monterrey. Pour l’accompagner, le "Cœur de cognac" de la maison Remy Martin était à l’honneur, un joli flacon aux lignes épurées pour un cognac très fruité (abricots mûrs, fruits secs et confits ) et des notes de cuir s’alliant bien avec le cigare d’apéritif aux notes cacaotées. Un cognac à déguster sur glace pilée afin de laisser les arômes de l’un et l’autre s’épanouir ensemble.
Le déjeuner était sublime, comme toujours avec Thierry. J’ai particulièrement apprécié le cappuccino de cèpes au pain brûlé dont les légères notes torréfiées relèvent les saveurs végétales du champignon. A notre table fort dissipée et hédoniste, un jeune homme accompagné de sa fiancée découvrait le cigare pour la première fois. Alors que je lui faisais humer les notes cacaotées du premier cigare et les plus fines notes de feuilles séchées et d’infusions du second, avant l’incandescence, il me confia : "Oh, pour moi, ça sentait comme le premier". Un aveu confirmant l’importance d’initier le palais en confrontant les différents arômes et effets ressentis. D’où ma suggestion : en cigare comme pour le vin, prenez souvent un point de comparaison. Ainsi, à l’apéritif, au lieu de servir plusieurs Champagne à la suite, servez-les en simultané. Vous ne boirez pas plus mais vous en ressortirez plus connaisseur !
Après cet intermède gastronomique, nous remontons dans la gabarre. Sur le chemin du retour à Cognac par le fleuve, nous dégustons un autre Hoyo, le dernier de la marque, l’Epicure Especial, accompagné du XO Remy Martin fine champagne, assemblage des deux (meilleurs) premiers crus (à ne pas confondre avec fine de cognac qui est une marque commerciale) aux notes de fleurs séchées caractéristiques des vieilles grandes champagne (iris jasmin) et fruits compotés (prunes ) ou confits (figues), épices douces (cannelle) et touche vanillée si typique de Remy Martin. Un extra old mariage en parfaite symbiose avec le grand robusto aux notes chocolatées, subtilement sucrées, boisées, idéal pour savourer longuement et jusqu’aux derniers moments cette magnifique journée sous un soleil radieux.
A la grande époque de la jeunesse insouciante et "désargentée" de mon grand père étudiant, ses copains de promo se cotisaient pour lui offrir une place de cinéma; ne pouvant pas y aller tous il était chargé de leur restituer l'histoire et l'ambiance du film. D'après ses amis que j'ai pu connaître personne ne le regrettait jamais.
A la lecture de ton récit de voyage je suis reparti sur la Charente, et même persuadé d'avoir fait le retour avec toi; que la vie est belle quand on a des amis...
Je t'embrasse
Patrick
Rédigé par : Patrick | 14 octobre 2008 à 20:26